Pendant les dix années qui séparent les émeutes de 2005 des attentats de 2015, une production culturelle (littéraire, cinématographique, artistique et musicale) a vu le jour en France. La jeunesse issue de l’immigration post-coloniale investit l’espace de débat public pour dire la société française, ou plus exactement une composante sociale relevant de l’espace urbain de banlieue : cette littérature lève le voile sur la ghettoïsation géographique, physique, mentale, et psychique de certaines banlieues, ainsi que sur les injustices polymorphes qui font d’elles des lieux de relégation « à perpétuité ». Elle questionne les droits réservés à ses habitants, citoyens de la France mais se trouvant pourtant en situation d’exclusion. Si la génération beur contenait déjà les prémices thématiques et esthétiques de ce dévoilement de l’espace urbain de banlieue, l’Islam y était quasi-absent. Comment le corpus de cette nouvelle production culturelle intègre-t-il la religion et quelle en est sa portée au lendemain des attentats qui ont creusé de nouvelles lignes de faille en France ? Comment comprendre l’exclusion ressentie ou bien réelle, non pas de personnes immigrées qui, comme souvent dans le corpus beur, étaient contraintes de naviguer entre deux cultures, mais de citoyens français qui ne sont « immigrés de nulle part » ? Comment comprendre, à la lumière de ce nouveau corpus, le débat sur les droits de l’homme et du citoyen dans la France contemporaine ? Les propositions rassemblées dans ce panel tâcheront de répondre à ces questions afin d’éclairer la représentation de l’espace urbain de banlieue dans la France d’aujourd’hui.

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